Accepter la souffrance


Vendredi dernier j’ai fait un atelier sur le thème de l’acceptation (de soi, du monde, de l’autre). C’est un thème qui revient très souvent dans mes pensées, dans mes accompagnements et dans ma vie aussi, plutôt logique jusque là.


Lors de cet atelier, nous avons partagé un temps de parole après l’hypnose en collectif, et une participante a dit quelque chose qui est souvent juste pour beaucoup de personnes : « je dois accepter qu’en ce moment ce n’est pas facile et que je ne suis pas bien, que ça reviendra, mais pour l’instant c’est comme ça», donc quelque part accepter de souffrir.


En effet, parfois ça ne va pas, c’est le creux de la vague.

Ce creux est nécessaire, dans nos rythmes humains, dans notre évolution. Mais l’accepter est une tout autre affaire me direz-vous. C’est un joli conseil à donner à quelqu’un.e que de lui dire « mais tu sais s’il n’y avait pas de sombre on ne pourrait apprécier la lumière », on est bien d’accord qu’il y a un effet de contraste. Cependant ce conseil, sort facilement de nos bouches, mais rentre bien moins aisément dans nos oreilles. Nous détestons la souffrance et nous avons érigé nombre de jolis mécanismes de défense afin de l’éviter. Et franchement cette personne qui n’a jamais eu envie de l’envoyer balader ?


Pourtant, lorsqu’elle est acceptée, la douleur s’atténue (un peu), car la résistance ajoute un peu de piquant, et au lieu de laisser couler, c’est comme si en refusant de l’affronter nous la gardions en nous. Pour notre plus grand mal.

Bien sûr nombreux.ses d’entre nous n’ont pas tout à fait appris à accueillir cette souffrance, à la laisser entrer comme une enseignante, un peu dure certes, mais pleine de sagesse aussi. En la repoussant nous refusons ses enseignements, nous érigeons des murs afin de nous protéger pour prévenir la prochaine fois où elle frappera, elle frappera au même endroit et avec la même intensité, puisque nous ne l’avons pas accueillie.
A contrario, si nous l’avions acceptée, bras ouvert, cœur au vent (oui rien que ça), elle nous aurait traversé.e.s, ça fait mal, peut-être un peu plus que d’habitude, du moins au début, mais ensuite elle serait passée dans notre corps pour y disséminer ses messages, ses apprentissages et serait repartie.
La prochaine fois que nous la rencontrerons elle sera alors plus faible.

Car cette souffrance émotionnelle la plus part du temps n’est que le rappel d’une ancienne blessure. Ici bien sûr je ne parle pas de nouveaux traumas. Je parle de jalousie, je parle de manque de confiance, je parle de sentiment de rejet ou d’abandon… Cette blessure demande à être guérie et tant qu’elle ne l’est pas elle vient résonner avec la vie et les événements qui nous percutent.


Alors bien sûr, je ris beaucoup en écrivant ces lignes, car je suis la première, encore parfois, à fuir ou bien à enfiler ma carapace pour me protéger à tout prix. Cependant, plus j’avance plus mon corps me rappelle à l’ordre et me dit quelque chose comme « Non non ma petite tu rêves, tu vas la sentir passer, je suis là pour te le rappeler et si tu refuses d’écouter je vais foutre le bordel ! », pratique.
Pas fun tous les jours, mais pratique.

Et je l’en remercie infiniment ce corps si ingénieux, car grâce à lui j’avance plus vite, et grâce à mon corps, la partie la plus Sage de mon être vient prendre doucement la main de mon Enfant intérieur pour lui dire « Allez, viens c’est ok, tout va bien, on va s’en sortir ».
Et devinez quoi ? On s’en sort toujours à vrai dire.


Enfin, lorsque l’on accepte tout ce magma en fusion qui vient nous ébranler, on peut se permettre d’y amener un peu de douceur, aussi. Accueillir la douleur peut aussi se faire avec de l’amour, de la compassion pour soi. Donc, accepter de ralentir, de prendre des bains, de boire du chocolat chaud, de faire de balades en errant sans but, et toute sorte de choses qui sont du temps pour soi et qui font du bien ; et bien souvent, cela aide cette tempête à passer un peu plus vite.


Et puis avec le temps, ça devient de plus en plus facile, car on grandit.



Note de lecture : ici je m’adresse à des gens qui se sentent en « bonne » santé mentale et qui ont des passages à vide. Je ne m’adresse donc pas aux personnes qui sont en dépression depuis longtemps, même si certains de mes dires pourraient s’appliquer dans cet article. Loin de moi l’idée de culpabiliser des personnes qui ont le sentiment d’être dans le creux de la vague depuis un certains temps et qui ne trouvent pas les ressorts pour que cela remonte.