Un bel exemple de guérison : Aurore et les troubles alimentaires

Parce que je vois beaucoup de femmes souffrant de troubles alimentaires dans mon cabinet qui, pour certaines, pensent qu’elles vivront avec toute leur vie, je souhaitais vous partager un exemple parmi tant d’autres d’une guérison complète grâce à diverses méthodes, dont l’hypnose humaniste.

J’ai changé le prénom de cette femme pour respecter son anonymat.

Un parcours de guérison singulier, afin de donner espoir à celles et ceux qui en manqueraient.

 

Aurore a 24 ans quand elle décide de se faire aider par une hypnothérapeute ericksonienne. Elle a des troubles alimentaires depuis une dizaine d’années, alternant entre boulimie non vomitive et hyperphagie. (Pour ces deux troubles alimentaires les «crises» alimentaires sont les mêmes, la différence porte sur l’après : les personnes souffrant de boulimie utilisent des méthodes compensatoires afin de ne pas prendre de poids tel que les vomissements, le sport en excès, les laxatifs...). Aurore est fumeuse, boit tous les week-ends de grandes quantités d’alcool et prend des drogues avec ses ami.e.s pour «oublier un peu ce monde de merde un instant».
Lorsqu’elle fait des crises elle dit qu’elle est en “mode zombie”, comme si une part d’elle s’emparait de son corps et que tout devenait incontrôlable, jusqu’à s’en faire très mal au ventre. Elle ne se fait pas vomir, à son grand damne, simplement parce qu’elle n’a jamais réussi (ce qui l’a certainement aidé dans sa guérison).

Elle s’intéresse beaucoup au comportement humain, pourtant elle ne comprend pas pourquoi elle vit cela. Elle a beau essayer encore et encore de s’en sortir, elle rechute toujours. En discutant avec cette première hypnothérapeute elle parle de sa vie, de ses relations aux autres, de son enfance qui était heureuse. Elle fait un premier travail en hypnose sur environ sept séances, elle est suivie en parallèle par son médecin généraliste qui lui prescrit des antidépresseurs et anxiolytiques. Le travail thérapeutique lui permet d’aller un peu mieux, mais les médicaments procurent beaucoup d’effets secondaires, et mélangés à l’alcool le week-end lui font vivre des black out où elle oublie tout ce qui s’est passé, en apprenant souvent le lendemain par ses ami.e.s qu’elle a eu des conduites à risques, mettant en danger sa santé physique, émotionnelle ou psychique. Ses relations amicales et amoureuses sont assez chaotiques durant cette période et le sentiment de solitude qu’elle a toujours ressenti n’a de cesse de grandir en elle. Elle a tendance à saboter ses relations, à rejeter la faute sur les autres quels que soient les événements et les situations : tout le monde est responsable de son mal-être sauf elle-même. Chaque échec de communication avec les autres lui donne une excuse pour se venger sur la nourriture, chaque crise alimentaire l’empêche de voir du monde tellement elle se sent mal physiquement, ce qui l’empêche ensuite de se lier réellement aux autres, prétextant une excuse ou une autre pour ne pas venir et cachant aux yeux de tou.te. s ses accès hyperphagiques. Le serpent se mord de nouveau la queue.

 

Une année après le début des médicaments elle décide de les arrêter, ils l’ont aidé au début à réduire les crises de boulimie, mais finalement ne font plus effet et lui procurent beaucoup de fatigue et l’impression d’être encore plus déconnectée de la vie et de son corps.
Elle alterne entre phases de crises alimentaires, phases de régime et sport intense, phases de déni où elle pense de nouveau qu’elle «gère» et qu’elle n’est plus aussi malade qu’avant. Une des choses qui a tout de même changé pour elle c’est qu’elle a pu parler à son entourage proche de son accompagnement, elle en a toujours très honte et minimise les symptômes, mais c’est une grande étape pour elle d’avoir pu se confier sur sa maladie.

En parallèle Aurore lit beaucoup de livres sur développement personnel et la psychologie, se met à la méditation et au yoga, qui sont des supports pour elle. Les livres lui apportent la compréhension, la méditation et le yoga lui apportent de l’apaisement et de la présence.

 

Elle erre entre le besoin de prendre soin d’elle, d’aimer son corps et l’absence d’elle même.

Puis, Aurore découvre l’Hypnose humaniste, la guérison des blessures et la philosophie qui va avec. Elle change assez rapidement de perception sur sa personne, sur ses croyances, elle regagne confiance en la vie et s’éclaircit.  Au fil des séances de travail et des apprentissages elle comprend qu’il n’est plus question d’affamer son corps entre deux crises, qu’elle doit lui faire du bien, en prendre soin, ne plus le détester, car il fait de son mieux et que plus elle l’affame plus il se vengera derrière, au centuple. Elle réduit aussi la voile sur le sport et tente de n’en faire que pour son plaisir. Elle réintègre certains aliments «interdits» dans sa manière de manger, s’autorise à mettre de l’huile dans la poêle quand elle cuit quelque chose. Elle accepte aussi que la guérison prenne du temps.
La thérapie lui permet de comprendre son schéma familial, les mécanismes qui la freinent, sans totalement comprendre l’origine des crises, qui diminuent avec le temps, en quantité et en fréquence. Elle va beaucoup mieux et a trouvé un copain stable avec qui elle se sent bien. Aurore a 27 ans, déjà quatre années qu’elle se bat pour s’aimer, non sans difficulté, mais elle commence à en voir le bout et garde l’espoir qu’un jour cela soit totalement derrière elle.


Puis, vient le confinement, avec le stress, l’enfermement et l’ennui les crises reprennent un peu plus souvent, mais sont sans commune mesure avec ce qu’elle avait connu. Elle prend quelques kilo et s’inquiète beaucoup, ce qui alimente les crises. Et en même temps comme elle a le temps de cogiter, d’écrire, elle essaye de prendre du recul sur la situation. Sortie de confinement, elle décide de reprendre un peu l’hypnose humaniste et de débuter la kinésiologie en parallèle avec une autre praticienne. Avec ces dernières séances, la guérison de blessures plus enfouies, plus anciennes et la prise de conscience qu’elle peut aimer son corps tout le temps, quelle que soit son apparence, qu’il a le droit d’être nourrit, tout le temps l’aide à «finir le travail».
Le timing a toute son importance, grâce à la kinésiologie, Aurore a pu retrouver une information très ancienne, très douloureuse dans son vécu, elle était bien trop jeune pour en avoir la mémoire. Cette information est difficile à digérer, mais elle y arrive grâce à tout ce travail entreprit auparavant. Pour elle, cette donnée est la clé de toute son histoire, le point qui lui manquait, qu’elle cherchait à l’aveugle en ne sachant pas ce que c’était. Et son corps n’a été en mesure de lui délivrer cette information qu’après plusieurs séances de kinésiologie et des années de thérapie, car elle était prête à ce moment là, suffisamment guérie et solide pour encaisser.


Elle a compris profondément qu’elle mérite de s’aimer, qu’elle mérite de ne plus écouter les jugements intérieurs dictés par la société, que tous les standards de beauté construits dans sa tête son illusoires. Après tout le travail psychologique, émotionnel qu’elle a fait il est temps de lâcher les fausses croyances qui la limitent, elle n’a pas à être maigre pour être belle, elle ne le sera certainement jamais et c’est ok. Bien sûr une fois tout cela décoincé, comme par magie, Aurore perd 4 kilos, sans rien faire, et même en mangeant «pas mal de pizzas et de pâtes au fromage», et puis ces kilos perdus elle s’en fiche un peu.
Son corps était prêt à lâcher lui aussi ce qu’il retenait.

 

 

Cette histoire me touche beaucoup car elle montre que le travail peut être long, mais qu’il est nécessaire de s’accrocher. Je ne suis pas rentrée dans les détails de la personnalité d’Aurore, mais comme toute personne elle s’accrochait à beaucoup d’idées qui l’empêchaient de changer, auxquelles elle croyait dur comme fer et qui l’empêchaient de découvrir sa vraie valeur, d’avoir confiance en elle et de s’aimer réellement. Tout cela est possible. Elle a dû cheminer, longuement, afin de déconstruire toutes les cartes du château, d’ouvrir les portes et guérir les parts blessées. Elle a dû apprendre aussi à faire la part des choses entre ce qui lui appartenait et ce qui n’était pas de son ressort, qu’elle devait lâcher.
Tout cela a mis environ 6 ans entre le moment où elle a décidé d’aller mieux et le moment où elle s’est dit avec certitude : c’est bon tout cela c’est derrière moi, ça ne reviendra plus. A cela on ajoute 10 années de souffrance, de solitude où elle n’a partagé son lourd secret avec personne, à cause de la honte.
Parler a été une des premières libération pour elle. Il n’y a jamais de honte à être malade, jamais de honte à avoir besoin d’aide, nous sommes tou.te.s humain.e.s, c’est de nos ombres que jaillit notre lumière.